Visite de l’ancien Hôtel des Monnaies du Moyen-Age et de la Renaissance

 

  Ce samedi matin, par un temps pluvieux, nous partîmes une trentaine de la Place de la République sur les traces des vestiges d’un hôtel méconnu avec les commentaires avisés de Clément Alix du service municipal d'archéologie d'Orléans. Son étude concerne principalement un îlot de trois corps de bâtiments entre les rues Jeanne d’Arc, Etienne Dolet, Louis Roguet et de la Vieille Monnaie dont les façades ont été analysées lors de ravalements en 2003-2004. Le percement de la rue Jeanne d’Arc dans les années 1840 bouleverse notre vision du quartier tel qu’il était au Moyen-Age entre le XIIIe et le XVe siècle. L’hôtel au nord-est de l’îlot était situé entre la rue des Basses-Gouttières et l’ancienne Place des Quatre-Coins. Au nord-ouest, l’ancienne église Saint-Maclou démolie vers 1771 laissa la place au cloître Saint-Samson dont le jardin disparut à la fin du XIXe siècle. Ce dernier fut remplacé par des commerces, bureaux et logements dans les années 1960.

 

 

                   Tout d’abord, nous avons observé la façade au 13, rue de la Vieille Monnaie d’où l’on peut deviner l’ancienne porte de l’hôtel rénovée dans les années 1520 ainsi que certaines fenêtres. Signalons également les deux pots en céramique dans le mur qui faisaient office de nichoirs à oiseaux, une pratique courante dans plusieurs pays d’Europe du Nord.

 

                   Le bâtiment qui nous intéresse est mentionné dans plusieurs textes depuis le XIVe siècle sous le nom de « maison des Quatre-Coins » qui dépendait de la censive de l’abbaye de Saint-Mesmin. Qualifié d’ancien hôtel de la Monnaie en 1873, sa particularité principale est qu’on y accède par une supérette, rue Jeanne d’Arc, dans laquelle subsistent en l’état la charpente et les colonnes.

  Au fond du magasin, le contraste est saisissant entre la modernité du lieu et l’état des poutres au plafond. Le motif de l’engoulant des plafonds se retrouve dans plusieurs édifices orléanais. Dans les figures issues du répertoire iconographique médiéval, les culots représentent des animaux fantastiques (chimères ou dragons).

 

     Aussi connu sous le nom d’ « hôtel de la fleur de lys », l’atelier monétaire ne fut actif qu’entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. Les maîtres de la monnaie payaient un loyer à leurs propriétaires, les Renard, grande famille de la bourgeoisie orléanaise.

L’hôtel possédait un « comptouer », petite pièce de travail, faisant parfois office de coffre-fort et accueillant (comme en 1436) des gardes, contrôleurs et maîtres de la Monnaie.

Régi par un texte de 1435, le travail des corporations de monnayeurs s’exécutait dans plusieurs chambres mitoyennes. A ce titre, la fonderie était située probablement à l’écart du logis, entre le 9 et le 11 rue de la Monnaie.

Après d’importants travaux de réfection, l’hôtel est passé, au milieu du XVe siècle, de la famille Renard à Michelet Mariete, un autre marchand orléanais. L’atelier avait en réalité cessé de battre monnaie depuis le 19 novembre 1507 mais la maison conserva encore longtemps son nom.

Parmi les monnaies, le blanc à la couronne ou le royal d’or de Charles VII étaient frappés à cette époque.

 

                   Enfin, la visite s’acheva dans la bonne humeur dans un restaurant près de là, place de la République.

 

Clément ALIX (visite)

Michaël LEVI -VALENSIN (résumé)

Bibliographie

 

Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais :

Un hôtel méconnu de la fin du Moyen-Age et de la Renaissance à Orléans : Etude archéologique et historique des 15-17, rue Jeanne d’Arc et 13 rue de la vieille Monnaie par Clément ALIX

1ère partie : La fin du Moyen-Age (XIIIe siècle - Fin du XVe siècle) - Tome XIX N° 155 (2008)

2ème partie : au début du XVIe siècle étude du décor et de sa place dans l’architecture domestique Orléanaise des années 1480-1550 - Tome XIX N° 156 (2008)

3ème partie : Des années 1520 au début du XIXe siècle - Tome XIX N° 158 (2008)